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#Re-Source 3/3 – La formation digitale : une nouvelle posture qui a du bon ?

#Re-Source 3/3 - La formation digitale : une nouvelle posture qui a du bon ?

#Re-Source 3/3 – La formation digitale : une nouvelle posture qui a du bon ?

La transformation digitale de la formation : comment avons-nous concrètement capitalisé sur l’urgence ? Quelles nouvelles postures avons-nous adoptées, pour quelles nouvelles réalités pédagogiques ?

C’est sur ces questions cruciales que s’est ouvert le troisième webinaire de notre série #Re-Source. #Re-Source, vous connaissez. C’est une initiative développée par l’EAP en collaboration avec d’autres acteurs de la formation. Son objectif : proposer des pistes de réflexions et de solutions dans les besoins immédiats. Ceux de la transformation digitale forcée et accélérée de la formation.

Le replay

Les intervenantes et intervenants

Fanny Mainil
Cheffe de projets formation et formatrice à l’EAP
Michaël Mercier
Directeur formation et apprentissage à l’EAP
Charles Van Haverbeke
Formateur pour le parcours en gestion de projets à l’EAP
Jean-Paul Erhard
Jean-Paul Erhard
Managing partner mRH - Peoplesphere

Au programme, donc, de notre troisième rendez-vous de 2020 : mesurer et comprendre comment la posture du formateur, de la formatrice, a évolué au cours de ces derniers mois. Pour le meilleur ou pour le pire ? Diagnostic.

La digitalisation : une nouvelle réalité à l’EAP

À l’EAP, la digitalisation de la formation est une nouvelle réalité, concrète, éprouvée et chiffrée. L’École d’administration publique n’a pas attendu la crise sanitaire pour adapter son offre de formation. Le digital était déjà à l’ordre du jour. Et la classe virtuelle ? Elle était dans les cartons. Il a donc “juste” fallu lui donner un grand coup d’accélérateur.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes – depuis le 17 mars 2020 :

  • 75 formations adaptées en classe virtuelle ou blended learning
  • 42 formations disponibles en e-learning
  • 421 sessions données à distance avec succès
  • 1876 personnes formées au sein de la fonction publique
  • plus de 85 % de taux de satisfaction

Actuellement, 118 formations du catalogue sont disponibles en format digital et recouvrent pas moins de 10 thématiques. Et tous les jours, l’École travaille à la digitalisation de nouveaux modules.

L’urgence a été un moteur, mais la stratégie est bien celle de la pérennisation : à terme, l’EAP veut digitaliser 90 % de son catalogue pour proposer des formats hybrides. Il faudra trouver l’équilibre entre distanciel et présentiel, en fonction de l’usage et des besoins des participants.

 

La formation digitale : une simple traduction du présentiel en distanciel ?

Non, pardi ! Nos intervenantes et intervenants le disent haut et fort : une formation digitale, ce n’est pas une formation présentielle à distance. Si on part de ce postulat, on va droit dans le mur. Une formation digitale appelle d’autres méthodes, d’autres outils pédagogiques, d’autres dynamiques de groupe, une nouvelle posture. C’est un vrai projet de transformation digitale à part entière.

On pourrait résumer ainsi le parcours de formation en digital : la destination reste la même, mais le chemin pour y arriver est différent. Ce qui change, ce sont les supports, les parcours, les outils. Ce qui ne change pas tant que ça, ce sont les bonnes pratiques et les grands principes d’une bonne formation. On doit et on peut les maintenir en digital.

Parfois à la plus grande surprise des formateurs et des formatrices, les outils du distanciel améliorent même les 3 principes clés de la formation qui sont :

  1. la production : faire en sorte que les apprenants et les apprenantes produisent quelque chose. Le planning d’un projet, une analyse de risque, par exemple. Sur ce point, les outils digitaux apportent beaucoup : ils élèvent le niveau et la qualité de rendu de ces productions.
  2. le feedback : maintenir la qualité du feedback est essentiel. Là aussi, le digital offre des possibilités intéressantes, avec un potentiel d’amélioration. Le partage d’écran en est un bon exemple.
  3. enfin, l’interactivité : le grand challenge du digital. Comment assurer l’échange et le partage de pratiques entre pairs (peer review) ? On peut remercier l’option sous-groupe en classe virtuelle : qui permet de créer un salon de discussion privé et donc un esprit de groupe.

En fait, sur ce dernier point, notre bon vieux principe de précaution a été particulièrement salvateur. En passant en digital, la plus grande crainte était la perte de l’interactivité et des échanges, le risque de décrochage. Conclusion : tout le monde a mis le paquet sur cet aspect, à tel point qu’il est devenu plus performant que jamais.

Alors, on y gagnerait même sur certains aspects en digital ? Nos intervenantes et intervenants le disent en cœur : oui, la transformation digitale de la formation est bénéfique et elle le sera aussi à la reprise en format présentiel ou blended learning.

L’informel : le grand oublié de la formation digitale ?

On a pu recréer et même améliorer l’interactivité en digital. Mais qu’en est-il de l’informel, de la socialisation. La machine à café derrière l’écran. Si une formule blended ou hybride est idéale pour préserver le relationnel informel, en 100 % digital, c’est plus compliqué. De l’aveu même de nos intervenantes et intervenants, c’est une chose qu’il est difficile de stimuler artificiellement. Rien ne peut (encore) remplacer une véritable rencontre.

Lever les freins : un accompagnement décisif

Mais est-ce que cette transformation digitale de la formation qui paraît si bénéfique a-t-elle été sans mal, sans réticence, sans heurt ? La réponse est nuancée chez nos intervenantes et nos intervenants. Le moins que l’on puisse dire, c’est que personne n’a eu le choix. Il a bien fallu s’y mettre et rapidement.

Les freins techniques, bien sûr, étaient importants. Mais aussi la peur de perdre quelque chose en distanciel. De voir son identité de formateur ou de formatrice remise en question ou altérée, sa posture vacillante.

La bonne recette ? C’est la conduite, l’accompagnement du changement.

Voici les instructions :

  1. Sélectionnez des formateurs et des formatrices d’esprit confiant, pour qui le passage au digital apparaît être un défi réaliste – comprenez les personnes plutôt ouvertes au changement.
  2. Faites-en vos “early adopters” et soignez-les aux petits oignons, accompagnez-les, formez-les, coachez-les, rassurez-les.
  3. Goûtez, testez en mode crash test et au besoin : ajustez l’assaisonnement.
  4. Enfin, remuez légèrement et laissez agir jusqu’à ce que vos “early adopters” deviennent vos ambassadeurs et vos ambassadrices.

C’est prêt ! Alors, c’est réussi ? Vos formateurs et formatrices vont maintenant passer le message aux autres : le digital, c’est vraiment moins pire qu’on ne croit. Car pour la digitalisation de la formation aussi, on parle de première puis de deuxième vague.

Un investissement finalement raisonnable

Quand on est un bon formateur, une bonne formatrice : on retrouve en digital son statut d’excellence, on retombe sur ses pattes, on conserve ses réflexes pédagogiques. Mais ça prend du temps. Il faut réécrire les scénarios, rebaliser les parcours, recréer les activités.

Nos intervenantes et intervenants avancent deux types d’équation :

  • Jusqu’à 90h pour transformer de bout en bout une formation présentielle en formation à distance
  • La règle du x 3 : 1 formation de 6h demande 18h d’adaptation

C’est l’investissement en temps qui est particulièrement important, plus que le coût des outils techniques. Le budget technique n’est pas un frein en soi. Ce n’est pas là que se joue l’essentiel.

Précisons ici : quand on parle de formation digitale synchrone, de classe virtuelle. Si on parle de formation asynchrone, en mode différé, on mobilise d’autres moyens techniques et d’autres budgets, beaucoup plus conséquents. C’est même un autre métier qui peut faire appel à de la création vidéo, du motion design. On parle plutôt d’un ratio : 100h pour 1h d’e-learning.

Des avantages clairs, immédiats

Quels bénéfices, prévus ou inattendus, retirer de l’utilisation généralisée des formats digitaux en formation ? Côté formateurs et formatrices, il y a les contraintes, mais aussi les opportunités.

Nos intervenantes et intervenants sont d’accord sur aux moins 3 avantages directs à tirer du distanciel :

  • une expertise de formation renforcée : la remise en question a des effets bénéfiques directs. En s’adaptant au digital, les formateurs et formatrices ont dû se repenser, requestionner leur pratique, revoir leurs bases théoriques, leur posture. Au final, se recentrer sur la substantifique moelle.
  • une flexibilité appréciée et appréciable – surtout pour les formateurs et formatrices internes : plus besoin de bloquer une journée entière quand on peut donner cours pendant 2h depuis son poste de travail.
  • des nouvelles pistes intéressantes : le champs des possibles s’est élargi, avec à la clef un bon nombre d’innovations pédagogiques dont il va être difficile de se passer par la suite. On pense notamment au grand tournant de la personnalisation.

Les 3 conseils indispensables

Nos intervenantes et intervenants proposent 3 conseils clés aux formateurs et aux formatrices qui doivent, veulent passer en digital :

  1. Osez – un peu d’audace : allez-y, lancez-vous, vous ne risquez pas grand chose. En cas de problème technique, vos apprenants et apprenantes savent faire preuve d’indulgence et de compréhension.
  2. Partagez et échangez entre vous : ne vous repliez pas sur vous-même, surtout si vous travaillez en indépendance – rapprochez-vous de vos pairs, échangez entre formateurs et formatrices d’expérience.
  3. Branchez les caméras : demandez à votre auditoire à distance de se mettre en visio. Vous avez besoin de ces signaux non verbaux pour mener à bien votre formation. Vous êtes en droit de le demander.

Sur 9 à 10 mois, on a fait des pas de géant. Va-t-on assister maintenant à une importation des formules du distanciel en présentiel ? C’est certain. Une fois adoptés, les outils digitaux deviennent vite incontournables. On peut s’attendre à la reprise à les retrouver en salle physique. La tablette à côté du bon vieux post-it. C’est le prochain défi : intégrer ces nouveaux acquis au fonctionnement normal, les stabiliser dans les processus de l’organisation, capitaliser.

Alors, qu’allez-vous apprendre aujourd’hui ?

Retrouvez en replay toutes les sessions des webinaires #Re-Source.

L’École d'administration publique (EAP) a été créée en 2012 pour former le personnel des administrations de la Région Wallonne, la Fédération Wallonie-Bruxelles et leurs OIP. Son objectif est d'améliorer les compétences des collaborateurs, tout en favorisant les échanges d'expériences inter-administrations.

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