L’IA déjà présente dans l’administration

L’intelligence artificielle (IA) n’est plus un sujet réservé aux grandes entreprises technologiques : elle s’invite désormais dans toutes les organisations, y compris le secteur public. En Wallonie, l’Agence du Numérique (AdN), dans le cadre de la stratégie Digital Wallonia, accompagne cette transformation en mettant en place des projets, des financements et des partenariats. 

L’Agence du Numérique, accélérateur de la transformation numérique

L’Agence du Numérique agit comme catalyseur de la transformation numérique de la Wallonie. Elle est au cœur de la conception, de la mise en œuvre et du suivi de la stratégie numérique Digital Wallonia.

Ses missions couvrent quatre axes :

• Gouvernance : fédérer et coordonner les acteurs du numérique ;
  
• Veille : suivre les avancées technologiques et formuler des recommandations ;
  
• Communication : mettre en lumière initiatives et formations via une plateforme et des événements ;
  
• Transformation : accompagner entreprises et administrations dans leur transition numérique.
  

Rien qu’en 2023, plus de 750 projets en IA ont été financés par l’AdN. Parmi ces projets, 98 sont portés par des entités publiques, ce qui positionne le secteur public comme l’un des acteurs les plus dynamiques dans le domaine de l’intelligence artificielle. 

Former les agents et agentes, une priorité

L’intelligence artificielle s’invite progressivement dans les pratiques du secteur public, soulevant à la fois des opportunités et des besoins en accompagnement. Pour la première fois, une formation dédiée à l’IA est proposée aux agents de l’administration. Organisée par l’École d’Administration Publique (EAP) en partenariat avec l’Agence du Numérique (AdN), cette initiative ambitieuse vise à former plus de 250 agents. Le succès est immédiat : les inscriptions ont été complètes en quelques heures, révélant un fort intérêt pour le sujet.

C’est dans ce cadre que l’EAP a lancé ses premières formations « Passeport IA », développées avec le soutien de l’AdN. Nous avons interviewé Antoine Hublet, Chef de projet IA – Intelligence Artificielle à l’Agence du Numérique (AdN) et Allison Wallerand, cheffe de projet formations à l’EAP, sur ce lancement. Pour eux, l’objectif est d’apporter une culture commune autour de l’IA, en donnant aux personnes formées des clés pour comprendre, tester et utiliser ces outils de manière responsable dans leurs missions quotidiennes.

Les formations : 2 niveaux d’apprentissage

Deux formats sont proposés pour ces formations :

• S’initier en suivant Premiers pas avec l’Intelligence Artificielle (1 jour) : une première approche pour comprendre ce qu’est l’IA, expérimenter des cas pratiques et découvrir son potentiel.
  
• Passer à la pratique avec le module Intelligence Artificielle – approfondissement pratique (2 jours) : un pas supplémentaire qui permet d’apprendre à rédiger des prompts efficaces, à initier  à une stratégie IA et à anticiper les enjeux éthiques.

Un exemple : Comment l’IA a apporté un gain au BEP ?

L’IA n’est pas réservée uniquement à l’industrie ou à la recherche de pointe : elle peut améliorer des tâches quotidiennes de bureau, comme la rédaction d’e-mails, le traitement de documents ou la génération de comptes rendus.

Un exemple marquant vient du BEP (Bureau économique de la province de Namur), qui gère notamment la collecte des déchets. 

Chaque année, ses services reçoivent environ 4 600 plaintes de citoyens et citoyennes. La moitié d’entre elles sont jugées comme infondées. Il fallait améliorer le système de gestion de ces plaintes.

Grâce à l’IA, des brouillons automatiques de réponses ont été générés pour ces cas récurrents, ce qui permet aux collaborateurs et collaboratrices du BEP de se concentrer sur les plaintes nécessitant une analyse ou un contact humain. Résultat : gain de temps, confort de travail amélioré et meilleure qualité de service pour les citoyens.

Formation aux enjeux de l’utilisation de l’IA : accompagner le changement pas à pas

Mettre en place l’IA dans le secteur public ne se résume pas à installer un logiciel. Comme le rappelle Antoine Hublet, Chef de projet IA – Intelligence Artificielle à l’AdN, il faut y intégrer une approche de gestion du changement: « L’adhésion des équipes métiers est essentielle. On commence souvent par un ou deux projets prioritaires, dont des quick wins, puis on élargit progressivement. »

Ainsi, la formation de l’EAP ne se limite pas à l’usage technique de l’IA. Elle aborde également des thèmes cruciaux comme :

• le respect de la confidentialité des données ;
  
• l’esprit critique face aux résultats générés par l’IA ;
  
• la conformité au Règlement européen IA Act, qui rend obligatoire la formation des collaborateurs publics aux usages responsables de l’IA.

Comme le souligne l’AdN, « on sait que les agents utilisent déjà ces outils. Il est donc urgent de leur donner un cadre et des bonnes pratiques ».

Pour aider les institutions à franchir le pas, l’AdN propose aussi le programme START IA : 45 heures d’accompagnement avec des prestataires spécialisés pour identifier les projets prioritaires, évaluer leur faisabilité et structurer leur déploiement.

Des impacts positifs sur l’emploi et le service public

Contrairement aux craintes souvent exprimées, l’arrivée de l’IA dans l’administration ne se traduit pas par des pertes d’emploi. Les retours de projets soutenus par l’AdN démontrent  le contraire :

• une réduction des tâches chronophages, permettant aux agents et agentes de se consacrer à des missions à plus forte valeur ajoutée ;
  
• une diversification des tâches pour les collaborateurs et collaboratrices, source d’épanouissement professionnel ;
  
• une amélioration mesurable de la qualité du service aux citoyens, notamment en termes de rapidité et de qualité de réponse.
  

Dans certains cas, des recrutements supplémentaires ont même été réalisés pour développer de nouveaux projets où l’IA sera intégrée. Finalement, plusieurs avantages sont au rendez-vous. On en veut pour preuve le témoignage du BEP.

Se former aujourd’hui pour préparer demain

L’IA est appelée à transformer en profondeur les pratiques professionnelles. Pour que cette évolution soit une réussite, la formation du personnel des administrations publiques est une étape incontournable. Grâce au partenariat entre l’AdN et l’EAP, les administrations wallonnes disposent désormais de bonnes pratiques, d’accompagnements adaptés et de formations accessibles. Car oui, l’enjeu de l’introduction de l’IA n’est pas seulement de la comprendre, mais surtout de savoir comment l’utiliser intelligemment et de manière responsable. 

Ce genre de défis ne cessent de se multiplier, avec une actualité de plus en plus pressante. Voilà pourquoi nos initiatives de partenariats sont si importantes : en combinant l’expertise pédagogique de l’EAP et l’expertise métier d’autres entités, les champs d’investigation s’enrichissent, les solutions émergent, les résultats ont plus d’impact.

Alors, qu’allez-vous apprendre aujourd’hui ?

Le succès est au rendez-vous : 3h après la mise en ligne du Passeport IA, toutes les sessions affichaient complet. Mais, d’autres pourraient suivre bientôt. Activez le bouton alerte pour recevoir les infos des prochaines sessions ! En attendant, et si le sujet vous intéresse, suivez notre e-learning.de sensibilisation à l’Intelligence Artificielle.